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Les Masques de Nyarlathotep

Moïra Macfayden, Jake Mackalister, Sam J. Thomas (RIP Fanta Kemet) et Edward Finch dans une aventure l'Appel de Cthulhu.

Session 19 - 07/06/2018

Les quatre compagnons se remettaient difficilement de leurs émotions, réfugiés dans leur automobile de location au beau milieu d'une campagne encore inquiétante aux prémisses de l'aube. Ils trouvèrent le courage de débattre de ce qu'ils convenaient de faire après cette nuit terrible. Ils se rangèrent derrière la proposition de Jake : attendre d'apercevoir les camions repartir et identifier les chauffeurs. Avec un peu de chance, l'un d'entre eux seraient Gavigan ou son acolyte, et ils pourraient alors prendre le véhicule en filature. Mackalister se porta volontaire pour faire le gué, caché dans un talus au bord de la route, pendant que les trois autres prendraient du repos dans la voiture dissimulée à l'abri de des regards. Assez rapidement, vers 6h30 du matin, les cinq camions défilèrent. Jake constata avec déception qu'il ne reconnaissait pas les conducteurs, et retourna vers ses amis.

Malgré la fatigue, tous étaient déterminés à retourner dès à présent au manoir. La majorité des adeptes étant probablement repartis, et les traces de la veille étant encore fraiches, ils auraient probablement l'opportunité d'en apprendre plus sur ce lieu et ce qui venait de s'y produire. Pour Fanta, Moïra et Jake qui avaient assisté à la scène, sans doute était-ce un moyen de reprendre le contrôle et de ne pas rester face à l'inconnu. Pour Edward, curieux également, cela offrait une nouvelle chance de pouvoir secourir les malheureux retenus prisonniers au sous-sol. Pour tous les quatre, c'était une opportunité à ne pas manquer : celle prendre leur revanche contre Edward Gavigan.

Après avoir repris la barque et débarqués à nouveau, ils commencèrent par se diriger vers la colline. Personne n'était en vue. Le monolithe était toujours là, dressé au beau milieu du cratère. Le sol n'était plus jonché de cadavres, mais il demeurait maculé de sang mélangé à la boue. Edward, qui s'était préparé à cette vision suite au récit de ses amis, avança sans broncher jusqu'au monolithe pour l'inspecter. Comme il l'avait espérer, les inscriptions qui recouvraient la pierre étaient des hiéroglyphes égyptiens, qu'il déchiffra sans peine. Il s'agissait de quantiques obscurs louant le "Pharaon Noir" et évoquant notamment des sacrifices humains en son honneur. L'egyptologue était certain que la pierre et ses inscriptions était extrêmement ancien, datant probablement de plus de deux mille ans, mais son intuition lui disait que la pierre n'était arrivé ici que beaucoup plus récemment. Fanta suggéra que le monolithe était peut-être lui-même à l'origine de la formation du cratère. Moïra, quant à elle, prit la décision risquée de toucher le monolithe. Elle était la seule du groupe à avoir reçu des visions du dragon monstrueux qui était apparu cette nuit, et elle se demandait si cela signifait qu'un lien s'était établi d'une quelconque façon entre elle et cette chose. Mais à son contact, elle ne sentit rien si ce n'est le froid de la pierre. Se rappelant la scène de sacrifice, elle alla jusqu'au bout de son expérience et s'entailla légèrement la main avant de la reposer sur le monolithe, sous les regards inquiets de ses amis. A peine avait-elle à nouveau effleuré la pierre noire qu'elle se sentit aspirée par celle-ci. Elle réalisa que la pierre profitait de la plaie ouverte pour drainer le contenu de ses veines, mais elle ne parvenait plus à décoller sa main. Fort heureusement, devant son air paniquée et son tein blémissant, ses compagnons s'empressèrent de tirer de toutes leurs forces et réussirent à l'éloigner de la pierre. Assise par terre dans la boue, l'héritière écossaise se sentait vidée de ses forces. Elle était certaine d'avoir perdu beaucoup de sang. Edward, qui gardait les séquelles de son enfance pauvre et avait souvent peur de manquer, lui tendit un scone qu'il avait empôché au petit déjeuner hier matin. Après l'avoir avalé avec toute la délicatesse qui sied à une dame, Moïra Macfayden se releva rapidement : il en fallait plus pour la faire reculer. Elle ramassa une pierre sur le sol et la lança contre l'odieux monolithe, curieuse d'observer ce qui allait se passer. Le bloc noir renvoya le projectile droit sur elle, avec une violence de rebond anormale compte tenu de la force qu'elle avait mis dans son jet, mais Moïra réussit malgré tout à l'éviter avec une agilité exemplaire.

Estimant avoir fait le tour de ce lieu sinistre, le groupe se dirigea à nouveau vers le bâtiment, et rentra par le salon. Pas un bruit n"émanait du rez-de-chaussée, il semblait toujours désert. Jake suggéra de commencer à nouveau par le deuxième étage au niveau duquel se trouvaient les chambres, car il n'était pas exclu que certaines personnes soient restées sur place et dorment après cette nuit mouvementée. Son pressentiment s'avéra fondé. Alors qu'il s'avançait en éclaireur dans le couloir de l'étage, il aperçut des personnes dormir dans l'entrebaillement d'une première porte. Derrière une seconde, il vit quatre personnes agenouillées de dos, train de prier. Alors qu'il se décidait à battre en retraite, un autre cultiste l'aperçut depuis une troisième chambre. Instinctivement, Jake se rua sur lui en lui planquant la main sur la bouche, pour l'empêcher de donner l'alerte. L'homme le frappa au ventre à l'aide d'un couteau, mais Jake se retint de crier. Fanta, qui avait vu suivait Jake de près et l'avait vu entrer précipitamment dans la chambre, le rejoint alors, et tous les deux étouffèrent le fanatique. Débarrassé de son adversiare, Jake se tourna vers l'autre personne, qui était restée allongée dans un lit sans broncher. Elle dormait à point fermé, la bouche ouverte. Jake et Fanta ne purent empêcher un léger sursaut : ils venaient de se rendre compte que le dormeur n'avait pas de langue... C'était donc ça la "Langue Sanglante"...? En essayant de ne pas faire de bruit, Jake s'accroupit pour fouiller le cadavre de l'adepte qu'ils avaient abbatu. Il ne trouva rien sur lui à part la dague qu'il avait dirigé contre lui. Mais alors qu'il se relevait pour la mettre à sa ceinture, elle lui glissa entre les doigts et tomba par terre. Le fracas réveilla la personne assoupie, qui commença à s'agiter. Malgré sa maladresse, Jake ne perdit pas ses réflexes. Il ramassa immédiatement la dague et la planta dans la gorge du deuxième adepte. Fanta et Jake se échangèrent un regard entendu, s'accordant en silence sur le fait qu'ils étaient temps de faire marche arrière. Même s'ils avaient réussi à éliminer ces deux cultistes, il semblait y avoir de nombreux adversaires potentiels à l'étage, probablement trop pour qu'ils réussissent à tous les défaire. Ils retournèrent vers Moïra et Edward, qui les attendaient dans les escaliers, et leur firent signe de redescendre. 

Rapidement, le groupe décida de descendre à nouveau au sous-sol. Les résidents de la maison semblaient être occupés à dormir ou prier à l'étage, a priori la voix était libre. Ils actionnèrent à nouveau le mécanisme de la cheminée, et la trappe s'ouvrit. Edward se dévoua pour monter la garde. Il resta positionné dans l'escalier, descendant juste assez pour laisser seulement le haut de sa tête dépasser, tira le tapis pour qu'il recouvre l'ouverture et sa tête, et garda les yeux braqués dans la direction de l'escalier qui reliait le rez-de-chaussée et le premier étage. Les trois autres s'avancèrent à nouveau le long des geoles infectes. Alors qu'ils arrivaient à la hauteur des cellules occupées, Jake, qui était passé le premier, s'arrêta d'un bloc. Il avait perçu un murmure affaibli et désespéré : "Yalesha... Yalesha..." Pas de doute, un des hommes détenus ici appelait bien la belle danseuse du Blue Pyramid, celle dont l'esprit de Jake avait du mal à se défaire depuis qu'il l'avait aperçu. Il se rapprocha de l'emplacement dont semblait provenir la voix, et dans l'obscurité, il distingua un homme famélique recroquevillé dans le coin de sa cellule. Jake s'adressa à lui en expliquant qu'il n'était pas son ennemi et qu'il connaissait Yalesha. L'homme sembla déployer des efforts considérables pour se trainer jusque vers la porte, et répondit à Jake : "Yalesha, oui Yalesha... Protégez ma soeur, je vous en prie, il faut qu'elle s'en aille, il ne faut pas qu'elle reste au Blue Pyramid... Pitié..." Jake lui assura qu'il allait le libérer et qu'ils iraient sauver Yalesha, mais qu'avant ça il avait besoin d'une information, savoir ce qui se trouvait derrière la porte au fond du couloir. Le frère de Yalesha articula péniblement : "Gavigan... son atelier... Il n'est pas là je crois mais... c'est son atelier...". Jake le remercia à plusieurs reprises et lui demanda de faire preuve d'encore un peu de patience, avant de retourner vers les autres pour leur expliquer sa découverte.

Avec l'accord de ses camarades, Mackalister se mit au travail sur la serrure de la porte de "l'atelier". Au bout de quelques minutes, il vint à bout du mécanisme. Il ouvrit, l'arme à la main, et souffla en découvrant effectivement que personne ne se trouvait à l'intérieur. La pièce ressemblait au reste de l'étage, à savoir que les murs étaient de pierre brute et le sol en terre battue. Faisant preuve d'un goût discutable mais peu surprenant le concernnant, Edward Gavigan avait laissé en guise de décoration dans les coins de la pièce des instruments de torture qui avait dû servir jadis... à moins qu'ils ne servent toujours ?... Le centre de la pièce était remplie d'antiquités de provenance diverses, souvent étranges, dont la variété et la bizarerie n'étaient pas sans lui rappeler liste qu'ils avaient récupérée à l'entrepot Punji Chabout. Un buste de pharaon taillé en pierre noir était posé en évidence à l'entrée, et à côté de celui-ci étaient posés deux sceptres, ceux qu'ils avaient aperçus dans les mains de Gavigan et son acolyte. Fanta les mit immédiatement dans son sac. Elle s'approcha ensuite d'une table de travail située sur la droite. Elle y trouva tout d'abord un parchemin qui, lui sembla-t-il, décrivait un sort, mais elle le mit rapidement dans son sac, se disant qu'ils auraient le temps de l'analyser plus tard. Une lettre manuscrite inachevée était également posée en évidence sur le bureau. Elle l'a parcouru rapidement et découvrit qu'il s'agissait d'une lettre où Gavigan se félicitait de s'être débarrasser de Jackson Elias en s'adressant à... Aubrey Penhew ?! Aubrey Penhew était vivant ! Bon sang, leur hypothèse se vérifiait, Penhew et son ignoble Fondation avait manipulé Carlyle et orchestré l'expédition depuis le début, tout ça pour servir les dessins obscurs de leur secte infernale. Et aujourd'hui, Penhew, qu'on croyait mort, continuait à tirer les ficelles et veillait à se qu'on se débarrasse des gêneurs. D'après la lettre, leur prochaine préoccupation était Jack Brady, l'ami de Carlyle, qui se terrait à Hong Kong selon les notes d'Elias... Il était loin de voir le bout de toute cette affaire. Mais un autre document devait également venir préoccuper nos investigateurs. Sur le bureau était également posé l'édition du week-end d'un journal local ouvert à une page bien précise... celle où leurs quatre noms étaient cités comme ceux des meurtriers du célèbre peintre Miles Shipley !! Les notes de l'inspecteur Barrington avaient visiblement joué contre eux, mais surtout, c'était Edward Gavigan lui même qui avait pris la parole contre eux les décrivant à la presse et aux autorités comme de dangereux adorateurs de l'occulte. Gavigan... il ne payait rien pour attendre...

Une fois que ces découvertes furent partagées avec l'ensemble du groupe, Fanta prit la relève dans l'escalier, et laissa Edward aller inspecter les artefacts présents dans la pièce. L'égyptologue examina de plus près le buste noir. La tête du pharaon n'imitait pas un visage de chair mais un crane humain décharné. Il ne trouva aucune inscription ou marque particulière gravée, cependant il constata que la pierre utilisée était très probablement la même que celle dont le monolithe du cratère était constitué. Alors qu'ayant fini son examen, il détournait le regard, Moïra lui pointa du doigt un coin de la pièce d'où brillait une sorte d'éclat léger. La lumière de sa torche se reflétait sur un miroir posé sur un petit chevet. La même idée traversa alors l'esprit de Moïra et Edward, qui esquissaient tous les deux un sourire jubilatoire. Ils étaient convaincus qu'il s'agissait là du miroir de Ghal, le fameux artéfact fait pour être utilisé avec la poudre blanche retrouvée dans le bureau de Gavigan à la Fondation Penhew, et supposé permettre de savoir si une personne en particulier se trouvait dans les environs. Le miroir était ovale, un peu près de la circonférence d'un visage, et se tenait d'ailleurs à la main comme un accessoire susceptible d'être utilisé par les dames pour se maquiller. Ils firent part de leur découverte à Fanta et Jake. Edward proposa de tenter d'utiliser le miroir pour savoir si Gavigan lui-même se trouvait sur les lieux, ce qui fut approuvé. Il sortit de son sac le flacon et exécuta alors le rituel qu'il avait mémorisé, qui impliquait notamment de tracer une croix ansée inversée sur le miroir avec la mystérieuse poudre blanche en prononçant quelques formules. La surface réfléchissante du miroir se déforma alors, jusqu'à faire apparaître tout autre chose, à savoir Gavigan assis et silencieux dans ce qui semblait être... un camion en marche. Il avait donc bien quitté le manoir , non pas en tant que chauffeur mais à l'arrière. Il ne sembla pas "remarquer leur présence". Edward Finch, en revanche, eut soudain une intuition étrange : il sentait qu'il lui était possible de "tendre" son esprit pour atteindre Gavigan physiquement. Une sorte de force mauvaise a la puissance séduisante se tenait prête à être déchaînée contre leur ennemi, mais  il savait que celle-ci exigerait un lourde prix en échange, il avait l'impression de la sentir lorgner sur son âme. Il ne se risqua pas à l'utiliser, et au bout de quelques minutes, l'image convoquée finit par s'évanouir...

Pendant ce temps, Jake s'était attelé au crochetage des quatre cellules retenant chacune un prisonnier. Fanta était extrêmement perplexe et inquiète quant au dangereux fardeau que pouvait représenter le fait de devoir escorter ces hommes apathiques qui semblaient à peine capables de se tenir debout. Moïra réussit cependant à la persuader du bien fondé de la manœuvre. Ces quatre personnes étaient des témoins qui pourraient s'avérer précieux pour témoigner contre Gavigan et ainsi tenter de démonter les accusations de la presse et des autorités contre eux. L'idée fut donc approuvée par tous, pour des raisons plus ou éthiques ou pragmatiques en fonction de chaque investigateur. Chacun aida un prisonnier à se relever, Jake soutenant le frère de Yalesha.

Ils purent ressortir sans encombre du manoir. Tous les occupants de la bâtisse  étaient manifestement assoupis ou occupés au deuxième étage. Ils retraversèrent le petit bois en suivant les marques qui menaient jusqu'à la barque et firent la traversée en deux fois pour transporter tout le monde de l'autre côté, avant se diriger vers leur automobile dissimulée dans les fourrés. Les prisonniers ne parlaient pas, si épuisés et éteints qu'ils semblaient difficilement réaliser qu'ils retrouvaient à leur liberté, mais leur adressaient parfois quelques regards brefs où luisaient la gratitude. Investigateurs et prisonniers s'entassèrent tant bien que mal à huit dans la voiture, avant de démarrer pour quitter enfin cet endroit maudit...

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