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Les Masques de Nyarlathotep

Moïra Macfayden, Jake Mackalister, Sam J. Thomas (RIP Fanta Kemet) et Edward Finch dans une aventure l'Appel de Cthulhu.

Moïra MACFAYDEN

Moïra Roseberry, née Macfayden (1883 — )
mère : Emiko Macfayden, née Nakayama (1860-1883)
père : Kentigern Macfayden (1854 —)
frère : Aonghas Macfayden (1883 — )
ami : majordome Fergus (1870 —)

Moïra fait partie d’une génération de collectionneurs d’œuvres et d’objets au caractère étrange. Son grand-père, Darren Macfayden (1821-1915), membre de la Royal Society, obtint un certain renom par son importante collection d’artefacts d’origine aztèque. Au cours des années 1860-1880, les musées nationaux et internationaux sollicitaient son attention pour la tenue d’expositions concernant les arts mésoaméricains. Les prêts qu’il consentait à faire lui permettaient, en retour, d’obtenir des financements pour l’acquisition de nouvelles pièces. 
Les œuvres qu’il mettait à la disposition des musées étaient cependant celles qui avaient pour lui un intérêt moindre, et qui correspondaient davantage à un idéal exotique, destiné à un public à la recherche de curiosités qui ne le troubleraient pas. Ainsi, ses pièces les plus étranges et indéfinissables n’étaient disponibles qu’aux yeux de certains initiés triés sur le volet. 
Au cours des années 1870, Darren Macfayden organisa des réunions privées au sein de son domaine, réunions au cours desquelles étaient exposées des études soit sur les objets à sa disposition, soit portées sur de nouvelles découvertes. Le nombre de membres fut fixé à cinquante, afin que les débats et l’accès aux œuvres puissent se faire dans un confort adéquat. 
D’une haute stature, le cheveu court et la barbe buissonnante, ses sourcils ombrageux recouvraient un regard vert émeraude fuyant. Il donnait continûment l’impression d’être profondément désintéressé par le cadre dans lequel il se trouvait, par les conversations dans lesquelles ses interlocuteurs cherchaient vainement à le conduire. Seul un rictus qui se traduisait par un mouvement de sa barbe ou par l’un de ses sourcils laissait transparaitre un moment d’attention, ou de lassitude. Pourtant, ce n’était là que stratégie de sa part. Éminemment reconnu et ardemment sollicité, son silence et sa réserve nourrissaient davantage le désir de s’attacher à son service, de pouvoir entrer dans le cercle sélect dont il était le chef d’orchestre. 
Son fils, Kentigern Macfayden (1854 — ), assista son père dès son plus jeune âge, pour ainsi dire dès qu’il sut marcher sans faire tomber d’objet. Formé à l’archéologie pour venir compléter le savoir de son père, Kentigern suivit un enseignement en langue et culture asiatique. Lors de la première guerre de l’opium qui opposa la Chine à l’Angleterre (1839-1842), Darren Macfayden perçut les richesses potentielles encore dissimulées par cette nation plurimillénaire. Cependant, en dépit de la signature des traités inégaux de Nankin, le pays restait encore, à ses yeux, peu accessible, raison pour laquelle ses investigations se poursuivirent en territoire amérindien, sans que son regard ne se détache pour autant de l’Extrême-Orient. 
Les prémices de la chute du bakufu sous les offensives du commandant Perry en 1853 et les premières étincelles de la seconde guerre de l’opium en Chine à cette même période représentèrent pour Darren Macfayden l’ouverture qu’il attendait. Cependant, trop occupé par ses propres recherches, il ne pouvait pas se concentrer décemment sur autre chose. En janvier 1854, il prit pour épouse une jeune femme d’une noble famille du nord de l’Écosse, et devint père en mai de la même année. Il n’eut dès lors de cesse de former son fils à le suppléer et à le succéder. 
A cette fin, Kentigern Macfayden fut formé très tôt aux cultures chinoises et japonaises. Lors de l’abdication du shogun Yoshinobu Tokugawa et de l’intronisation du nouvel empereur en 1968, il mit enfin pied sur la terre pour laquelle il avait été né. Kentigern y poursuivit son instruction en archéologie avec une mise en pratique dans un contexte japonais. Au cours des années 1870, la disparition de la classe des samurais lui permit d’acquérir de nombreuses pièces d’armures et d’armes, tant auprès d’anciens seigneurs déchus au lendemain des réformes de 1868 qu’auprès des artisans qui n’étaient dès lors plus sollicités. Il ne s’agissait pourtant là que de la partie visible de ses recherches : l’essentiel de ces acquisitions servait à alimenter les désirs des nobles occidentaux avides d’afficher quelques objets exotiques. 
Kentigern s’intéressait davantage aux reliques nimbées d’une portée spirituelle : statuettes, magatama, etc, lesquelles étaient cachées au sein de villages souvent excentrés et exigus. Il fut secondé par Emiko Nakayama (1860-1883), fille d’un anthropologue et archéologue japonais de renom, pour communiquer avec les chefs de ces villages où seule la langue kansai-ben était employée. Une forte alchimie dans leur relation, consécutive au temps passé ensemble dans le cœur de zones isolées, conduit les deux jeunes individus à se marier (1881). Leur union fut largement approuvée par leurs pères respectifs, qui voyaient dans cette alliance de profonds avantages pérenne. Darren Macfayden ne fit pourtant pas lui-même le voyage au Japon au moment de la célébration de cette union.
En 1883, Emiko tomba enceinte. L’accouchement, qui se déroula au sein de montagnes escarpées du Kansai, ne se fit pas sans drame. La jeune femme, enceinte de jumeaux, une fille et un garçon, mourut malheureusement en couche. Rejetant la disparition de son épouse, Kentigern refusa de s’occuper de ses enfants et préféra confier leur éducation à son père.

Moïra et Aonghas, jeune enfant de fait eurasien, furent donc élevés par leur grand-père, secondé assez tôt par un jeune homme entré à son service, du nom de Fergus.

Moïra et Aonghas grandirent ainsi avec, devant leurs yeux, la stature patriarcale de leur grand-père et l’image évanescente de leur père, resté au Japon. Moïra développa un esprit semblable à celui de son grand-père. Elle manifesta cependant d’un caractère assez acéré qui se traduisait, le plus souvent, par des propos aussi tranchants que précis. D’une patience relative, la contradiction ne lui seyait guère longtemps. Lorsqu’on lui récusa la justesse de ces propos ou que son interlocuteur refusa de lui donner raison, et c’était dès lors le fracas des portes qui devenait paroles et arguments. 
Ne rejetant pas ses origines japonaises, nourries par son grand-père et par les quelques correspondances de son père, mais fortement attachée à ses highlands, elle déploya ce qu’il y avait de commun entre le Japon et l’Écosse : le tir à l’arc et le cheval. Parcourir les pairies et les vallons, tirer une ou deux perdrix au vol lui suffisait pour recouvrer une retenue aristocratique. Encore lui fut-il permis de la faire. Son frère, quant à lui, fasciné par les armures et les armes qui remplissait les coffres arrivés du Japon, développa un attrait pour ces objets qui ne se démentit pas avec le temps. Enfant, il lui était de coutume de porter un tanto à la ceinture de son kilt, tandis que ses épaules étaient recouvertes par le haut d’un kimono. Il semble avoir était vu à plusieurs reprises au Japon et en Corée, arborant un ensemble identique où le port du katana se substitua à celui du tanto.
En 1904, toujours sous le prisme de la volonté de Darren Macfayden, Moïra fut mariée à Marcus Roseberry, fils d’une noble famille, dont le père était autant membre de la Royal Society que du cercle privé orchestré par Darren Macfayden. Il était formé à l’anthropologie et aux langues moyen-orientales, cette union participait au rayonnement désiré par le grand patriarche de la famille Macfayden. 
L’union n’était pas forcément désirée par Moïra, qui se voyait là copieusement privée de liberté. Son mariage avec Marcus remplit cependant ses attentes d’autonomie : son mari était le plus souvent en déplacement, à dénicher et à excaver les pièces les plus exceptionnelles et les plus singulières que pouvait offrir le Moyen-Orient. Le tout était expédié au domaine familial, où Moïra, secondée dans un premier temps par son grand-père et Fergus, se chargeait de classer, nettoyer et d’examiner les divers objets et artefacts. Son esprit s’ouvrir ainsi autant à l’étrange qu’à la diversité des cultures et des mondes. 
Au cours de l’hiver 1918, son mari mourut de la peste, à l’instar de plusieurs centaines de milliers de personnes. Son grand-père ayant disparu quelques années auparavant, heureux de l’héritage qu’il laissait derrière lui, son mari décédé, son frère vagabondant en Extrême-Orient, il ne restait plus à ses côtés que son majordome Fergus, qui avait toujours agit à son égard comme un père et un grand-frère de substitution. D’un naturel discret, il s’occupait dorénavant depuis quelques années de remplir les activités de feu Marcus Macfayden : se rendre sur le terrain des fouilles afin d’y acquérir les biens les plus précieux. Moïra comptait également sur lui pour nourrir les premiers contacts avec des responsables de galeries d’art dans le monde entier. De son côté, forte de son nom et de l’immense collection d’œuvres en sa possession, Moïra continua d’organiser des soirées privées telles que l’avait fait son grand-père, et à alimenter en outre les musées de ses pièces. Il savait toujours ce qui est propice à convenir à un public et ce qui devait demeurer dans un cercle restreint.

Elle allait faire son premier voyage aux États-Unis, et pour ainsi dire hors du vieux continent. Elle avait toujours préféré le cadre de son particulier de son domaine, entre l’amoncellement d’artefacts singulier et les vastes étendues vallonnées de ses highlands. La perspective de se rendre en Amérique ne lui convenait guère : beaucoup trop de monde, de bruits, de gens de couleurs, et si loin de chez elle, de ses objets et de ses paysages. Mais Fergus lui avait promis une rencontre sans nulle autre pareille, et des avantages qui ne se refusaient pas. Et Fergus n’était certainement pas du genre à répéter deux fois la même chose. C’est ainsi que Maïra prit l’avion, survolant l’inconnu en direction de l’indéterminé…

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